Coopération artistique franco-marocaine

Chargé-e Territoires Associés - Maroc, Grenoble
État du projet : En cours : Activités en cours
Date de début : janvier 2013 - Date de fin : décembre 2017

Un partenariat durable autour du théâtre et du cirque

Le spectacle Rue des Voleurs, adaptation et mise en scène du roman de Mathias Enard, retrace le parcours d’un jeune marocain, Lakhdar. Au travers de son récit, Lakhdar reflète nos peurs en évoquant les amalgames entre terrorisme et religion, la confrontation des deux cultures dont il est emprunt ou encore les difficultés de la jeunesse.

Contexte

La Fabrique des petites utopies

Compagnie de théâtre créée en 2000 par le metteur en scène Bruno Thircuir, la Fabrique des petites utopies propose des créations de spectacles mêlant plusieurs disciplines (théâtre, musique, cirque, marionnettes) et des actions de médiations auprès des publics. La spécificité de la compagnie réside dans sa forme ambulante grâce à son camion-théâtre avec une jauge d’une centaine de personnes et son chapiteau avec une jauge de 380 places. Dès ses débuts, la Fabrique entretient un lien avec l’international par les thèmes de ses créations qui touchent à des questions politiques liées à l’immigration, aux frontières, au dialogue entre les cultures, etc. Avec le spectacle Rue des Voleurs, la compagnie place la coopération internationale au cœur de sa création.

Objectifs

  • Créer dans la cadre d’une coopération artistique et culturelle ;
  • Favoriser la mixité des équipes artistiques ;
  • Lutter contre les amalgames entre religion et terrorisme ;
  • Travailler sur les écarts de perception ;
  • Initier des partenariats durables entre des équipes franco-marocaines.

Actions menées

Phase 1 : pré-production (2013-2014)

D’emblée, une collaboration franco-marocaine s’est imposée et ce, dès les premières phases de création. Conforté dans cette idée par plusieurs rencontres, un premier travail de production est mis en place. Plusieurs séjours courts au Maroc ont permis d’identifier et d’échanger avec des partenaires sur place en lien avec la Ville de Grenoble et d’organiser un mois de résidence.

Phase 2 : résidence et création au Maroc (septembre 2014)

La première résidence, d’une durée d’un mois, s’est déroulée dans trois lieux :

  • L’Ecole nationale de cirque Shems’y (Salé) : organisation et animation d’un stage-casting de 8 jours avec 15 participants issus de Shems’y et du Dabateatr. Ce stage a également permis de recruter Ayoub es-Soufi dans le rôle de Lakhdar. Cet artiste, issu de la discipline du parkour, se situe entre le théâtre et le cirque ;
  • L’Institut français (Fès) : réunion de l’équipe au complet et de tous ses corps de métiers, travail sur les accessoires, la scénographie, la musique, l’écriture, etc. ;
  • L’Espace Tabadoul (Tanger) : répétitions et écriture. Le séjour à Tanger, lieu principal du roman, a permis de nourrir la création.  

Au sein du spectacle, toute une dimension vidéo est également intégrée afin de mettre en scène la mémoire du personnage principal. Lors de cette résidence et sous la coordination artistique d’Aicha Ayoub, une équipe franco-marocaine a fait des captations et les premiers montages.

Phase 3 : Création et première tournée en France (février-juin 2015)

Répétitions, finalisation du spectacle au Théâtre de Die et première tournée.

Phase 4 : tournée au Maroc (octobre et novembre 2015)

En partenariat avec l’Institut français du Maroc, qui a été très présent pendant ces deux mois de tournée, le spectacle a été présenté dans sept villes du pays, dans le camion-théâtre de la compagnie. Dans chaque ville, le camion-théâtre s’est installé une semaine pour deux représentations du spectacle et diverses animations (ateliers de théâtre pour débutants, intermédiaires et avancés ; préparation au spectacle des publics scolaires ; masterclass de scénographie ; stage pour des enseignants ; spectacles de danse, théâtre et musique ; etc.

Phase 5 : tournée en France (2016-2017, en cours)

Le spectacle Rue des Voleurs poursuit sa tournée en France sur la saison 2015-2016 et en 2016-2017. Au 31 décembre 2016, le spectacle a été joué 84 fois depuis sa création.

Phase 6 : poursuite de la coopération franco-marocaine (2017)

Dans la suite du spectacle Rue des Voleurs et des liens mis en place entre la compagnie françaises et les structures marocaines, de nouvelles collaborations sont mises en oeuvre :

  • Le spectacle “Un mystérieux voyage en forêt” sera en tournée en février et mars 2017 au Maroc. Ce spectacle jeune public créé en France en août 2015 sera repris dans une version bilingue franco-darija début février à Tanger pour tourner ensuite dans les écoles françaises et marocaines en partenariat avec l’Institut français du Maroc, la Fondation OCP et le Département de l’Isère. Durant cette tournée d’un mois et demi, de nombreuses actions de médiation auront lieu en direction des CM1-CM2 : invention et écriture d’histoires, mise en jeu des histoires, etc. ;
  • Grâce au soutien de la Région Auvergne Rhône-Alpes et au partenariat Institut français-Ville de Grenoble, un nouveau projet de coopération artistique a vu le jour entre la Fabrique des petites utopies et l’Ecole nationale de cirque Shems’y. Cette dernière a demandé à Bruno Thircuir de mettre en scène le spectacle de fin de promotion de l’école en mai 2017. Ce spectacle s’appellera Echecs et mâts et sera créé au Maroc entre janvier et mai 2017 avec 14 artistes de cirque marocain. Il s’agit d’une véritable coproduction franco-marocaine qui deviendra ensuite un spectacle international à l’issue d’une reprise en France avec 12 artistes français, marocains, argentins, béninois. Le spectacle sera programmé par L’heure bleue à Saint Martin d’Hères et la MC2 en partenariat avec le Prunier Sauvage à Grenoble dans le cadre du Parc des Arts sous chapiteau.

Outils développés

Camion-théâtre

Méthodologie

Partenariats basés sur l’échange mutuel

Tout au long de la création de ce spectacle et chaque ville, la compagnie s’est assurée de travailler avec des partenaires locaux dans une véritable co-opération, avec des échanges mutuels. Par exemple :

  • A Salé avec Shems’y : le casting organisé par l’école de cirque a donné lieu à un stage organisé par La Fabrique des petites utopies
  • A Tanger avec l’Espace Tabadoul : l’équipe du spectacle a été accueilli dans leurs locaux en échange de l’animation d’ateliers ;
  • A Kénitra avec l’Université et le bureau des élèves : en échange de l’accueil, un atelier de théâtre a été créé.

Diffusion de l’information

Le travail avec ce réseau de partenaires locaux dans chaque ville a également permis une meilleure visibilité du spectacle et diffusion de l’information auprès des publics.

Mise à disposition du camion-théâtre

Lors de la tournée au Maroc, le camion-théâtre s’est installé à une semaine dans chaque ville permettant de laisser cet espace à disposition des partenaires pour différentes animations. Divers modules sont possibles et chacun s’en est emparé en fonction de ses possibilités. Cette formule permet de stimuler également les partenariats.

Actions auprès des publics

Tout au long du mois de résidence, un volet de lectures publiques a été mené. Cette forme de restitution du travail en cours a permis de se confronter aux retours des publics afin de faire évoluer le texte.

Langues
La semaine avant la tournée au Maroc, le spectacle est repris dans une version intégrant plus de dialecte marocain. Si le spectacle mixait déjà les langues, entre français et darija, sa proportion a été augmentée avec le personnage principal dont près de 70 % du texte est en dialecte, contrairement aux autres comédiens qui gardent le français. De même, un travail de traduction a été réalisé dans la vidéo. L’enjeu de l’utilisation du dialecte est de permettre une meilleure compréhension du spectacle, bien qu’il reste quand même inaccessible à un non-francophone total.

Résultats obtenus

Apports de la coopération pour la Fabrique des petites utopies

Pour la compagnie, la coopération avec les partenaires marocains a été très enrichissante à plusieurs égards :

  • L’équipe franco-marocaine a permis un débat d’idée sur les différences et écarts de perception tout au long de l’écriture et de la création. Ainsi, ce n’est pas une compagnie française qui propose son regard sur le sujet de la pièce, mais une équipe mixte qui se nourrit mutuellement et permet d’offrir un spectacle adapté à son contexte de représentation. D’ailleurs, lors de la prochaine création au Maroc, Bruno Thircuir insiste sur la nécessité d’avoir un assistant à la mise en scène marocain ;
  • Les développements du projet permettent à la compagnie de se questionner sur sa manière de coopérer plus en direction de la jeunesse ;
  • Si un accompagnement en administration avait été envisagé lors de la création de Rue des Voleurs, cette formation s’est avérée peu probante, compte tenu des contextes différents.

Nouvelle création en projet

Dans la suite de ce projet, la compagnie souhaite poursuivre son travail avec ces partenariats marocain pour une nouvelle création sur l’économie mondiale et les alternatives plus ambitieuse et sous chapiteau. Ce nouveau projet est né de la volonté de certains partenaires de collaborer avec la Fabrique des petites utopies. Ce projet est en cours de recherche de financements et de partenariats. Ce qui intéresse la compagnie dans cette nouvelle création, c’est ce cycle de travail de 3-4 années qui amène une continuité dans le partenariat. La Fabrique des petites utopies tient également à ce que les partenaires soient demandeurs pour rester dans l’échange et l’apport mutuel. Par ailleurs, dans le cadre de cette nouvelle création, la compagnie souhaite renforcer certaines dimensions de la coopération :

  • Impliquer de nouveaux partenaires notamment hors champs culturel et artistique, le sujet même du spectacle permettant cette approche pluridisciplinaire ;
  • Proposer des accompagnements en technique, notamment avec une formation en montage de chapiteau, et constituer une équipe de monteurs ;
  • Se nourrir dans l’écriture des innovations et des alternatives du Maroc et de la région.

Succès

  • Construction de partenariats donnant-donnant ;
  • Un atelier de théâtre a été créé à l’Université de Kénitra et il se poursuit actuellement avec une cinquantaine d’élèves ;
  • Rencontre et échange d’expérience avec une équipe marocaine qui a monté son camion-théâtre ;
  • Le montage budgétaire bien réalisé a permis de mettre en place de nombreuses animations ;
  • Pendant toute la tournée, le camion-théâtre a été plein ;
  • Les spectateurs au Maroc ont montré un véritable appétit pour discuter sur spectacle et les questions qu’il soulève à la fin des représentations : les rapports homme-femme, la place de la femme, la place de la religion et des traditions, le regard de la France sur le Maroc et inversement, l’amalgame entre religion et terrorisme, la double culture, l’acceptation par l’autre, les frontières, l’asymétrie des droits dans le monde, etc ;
  • Malgré la crainte de recevoir un public essentiellement composé d’expatriés et de binationaux, le spectacle ayant été programmé durant la saison culturelle de l’Institut français du Maroc, des publics très diversifiés ont été reçu grâce notamment aux partenaires locaux.

Cibles (public bénéficiaire)

Tout public
Porteurs de projet

  • La Fabrique des petites utopies

Financeurs

  • Ville de Grenoble
  • Département de l'Isère
  • Région Auvergne Rhône-Alpes
  • Institut français
  • Institut français du Maroc
  • Fondation OCP (tournée jeune public)

Partenaires

  • Ecole nationale de cirque Shems'y (Salé, Maroc)
  • Collectif Dabateatr (Rabat, Maroc)
  • Espace Tabadoul (Tanger, Maroc)
  • Théâtre Darna (Tanger, Maroc)
  • Institut français du Maroc

Terminologie

Localisation

  • AfriqueAfrique septentrionaleMaroc
  • EuropeEurope occidentaleFranceRégion Auvergne-Rhône-AlpesGrenoble

Thématiques

  • Citoyenneté, jeunesse, diversité et dialogue interculturel
  • Patrimoine, créativité, médias, pratiques culturelles et artistiques

Contact

La Fabrique des petites utopies
1 rue des Beaux Tailleurs
38000 Grenoble
Auvergne Rhône-Alpes France
 

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