Compte-rendu de l'article "The Arts and culture of a just transition" de Sepideah Mohsenian-Rahman

cooperations - Monde - 18 mai 2021

Cet écrit est le compte-rendu de l'article de Sepideah Mohsenian-Rahman intitulé "The Arts and culture of a just transition", publié le 14 mai 2021 sur Common dreams.
Source : https://www.commondreams.org/views/2021/05/14/arts-and-culture-just-transition

Sepideah Mohsenian-Rahman est travailleuse culturelle et sociale. Elle a travaillé avec Mural Arts Philadelphia et la 12Gates Gallery, et a été directrice du programme du centre multiculturel américain de Santa Barbara. Actuellement, elle étudie l'herboristerie communautaire libératrice à la People’s Medicine School d'Ithaca, à New York, et s'appuie sur son expertise de doula, sa formation en travail social à l'Université de Columbia, son diplôme en paix internationale et résolution de conflits, et sur ses connaissances religieuses acquises à l'Université américaine. Dans son article, Sepideah Mohsenian-Rahman explique qu'une "transition juste" signifie s'orienter vers une économie régénératrice, caractérisée par des approches de la vie qui soient fondamentalement antiracistes, anti-pauvreté, féministes et intersectionnelles. La pandémie mondiale du COVID-19 dont le monde se remet tout doucement, a mis en exergue les inégalités criantes qui lui prééexistaient et qu'elle n'a fait que renforcer. Dans l'ensemble, la pandémie du COVID-19 a eu un impact disproportionné sur les personnes à faible revenu et les communautés . L'Organisation mondiale de la santé considère l'injustice de la distribution des vaccins comme un "outrage moral" et "autodestructeur".

Bien que les statistiques soient frappantes, elles sont enracinées dans des inégalités systémiques qui ont longtemps précédé la pandémie du COVID-19. Une caractéristique centrale de l'expérience néolibérale est d'envisager les inégalités en droits et en richesses comme immuables, comme Shoshanna Zuboff l'explique dans l'ouvrage The Age of Surveillance Capitalism. Ainsi, notre système économique néolibéral a besoin d'un approvisionnement continu en terres bon marché, en ressources naturelles et en main-d'œuvre pour générer une croissance économique infinie et de larges profits pour seulement quelques uns. Pour l'auteure, notre "économie extractive" s'appuie sur une vision du monde enracinée dans la consommation et le colonialisme, utilisant des ressources qui doivent être exploitées, consommées puis détruites, tout en étant soutenues et défendues par le militarisme.

Sepideah Mohsenian-Rahman continue en disant que notre économie n'est plus compatible avec la vie sur terre et que nous avons atteint nos limites planétaires. "La réponse est dans l'inconnu, mais, loin de coloniser Mars, notre avenir réside dans nos propres pratiques créatives ancrées dans un cadre de transition juste." Comme le dit le groupe de justice environnementale Movement Generation, la transition est inévitable, mais la justice ne l'est pas. Une transition juste signifie s'orienter vers une économie régénératrice, caractérisée par des approches de la vie qui soient fondamentalement antiracistes, anti-pauvreté, féministes et intersectionnelles. A rebours de l'exploitation de la main d'oeuvre au profit de quelques-uns, cette transition juste s’appuie sur la coopération et la collaboration dans l’intérêt de tous. Son but est le bien-être écologique et sociétal, il est régi par une démocratie profonde, a une vision du sacré et du prendre soin, et aborde les ressources avec un état d'esprit tout aussi régénérateur.

La seconde partie de son article est dédié à montrer comment les artistes, les travailleurs culturels et les talents créatifs sont profondément engagés dans ce juste avenir. Sepideah Mohsenian-Rahman prend l'exemple du Mural Arts Philadelphia qui organise en mai 2021 une conférence sur les questions de l'intersection de l'art et de la justice environnementale, à travers un cadre de transition juste. Parmi les orateurs, on trouve Sins Invalid - un groupe engagé pour plus de justice pour les personnes handicapées et dirigé par des artistes de QTBIPOC - mais aussi Sipp Culture, engagé sur les questions d'alimentation équitable au Mississippi et au-delà, et qui s'entretiendra avec des artistes autochtones, des militants et des agriculteurs du collectif Three Sisters et du collectif Alas de Agua à O'ga P'ogeh. Sepideah Mohsenian-Rahman s'appuie sur un article récent publié dans The Center for Cultural Power et dans lequel l'auteur Alexis Frasz disait : "Si nous voulons une transition juste, nous avons besoin de stratégies culturelles transformationnelles". Il y souligne le rôle puissant que la culture peut jouer, non seulement pour éveiller les individus aux crises auxquelles ils sont confrontés, mais aussi pour les aider à adopter le processus de transformation pour construire collectivement un monde meilleur. Premièrement, en ressentant et en guérissant le mal qui a été causé et continue d'être causé par les systèmes d'exploitation et de violence, qui ont le plus d'impact sur les personnes non-blanches et les communautés pauvres. Deuxièmement, en imaginant une nouvelle façon de vivre ensemble. Troisièmement, créer de la nouveauté : entrer dans l'inconnu et se comporter de manière entièrement nouvelle, en tant qu'individus, communautés et sociétés.

Sepideah Mohsenian-Rahman cite Steve Lambert, direceur et co-fondateur du Center for Artistic Activism : "Chaque mouvement social majeur à travers le temps a intégré la créativité/l'art et l'activisme", et ce n'est pas moins vrai aujourd'hui. Le rôle de l'art dans les mouvements de résistance est fort. C'était d'ailleurs un élément central du Black Panther Party, dont la solidarité transnationale et transculturelle a été source d'inspiration pour le travail de l'ancien ministre de la Culture, Emory Douglas. Dans l'ouvrage Take care of yourself. The Art and cultures of care and liberation, Sundus Abdul Hadi partage comment, grâce à son engagement en faveur de la libération des Noirs, le personnage Douglas a facilement rencontré et collaboré avec les luttes de libération à travers le monde, à savoir les zapatistes, l'Organisation de solidarité des peuples d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine et l'Organisation de libération de la Palestine.

Sepideah Mohsenian-Rahman recommande de prendre du recul pour examiner et s'inspirer de politiques créatives et percutantes. De plus en plus de villes expérimentent le revenu de base universel comme moyen de combler les lacunes en matière d'équité sociale et économique, des projets existent depuis les années 1960 à la fois aux États-Unis et au niveau international et insistent sur la santé et le bien-être des communautés. Durant la pandémie de COVID-19, certaines villes ont spécifiquement travaillé avec des organisations artistiques et culturelles comme Springboard for the Arts à St.Paul et le Yerba Buena Center for the Arts à San Francisco pour mettre les artistes - en particulier les artistes du BIPOC - au centre de la relance économique de la Ville.

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