En Europe de l’Est, plusieurs villes ont décidé de s’allier face au populisme qui a envahi leur pays et maintient la vie politique sous un joug autoritaire. Les maires de Budapest, Bratislava, Prague et Varsovie ont signé une alliance pour créer des « îlots de liberté » contre les dérives des gouvernements de leurs pays.
Libéraux, écologistes, quadragénaires et pro-Européens… Depuis quelques années, des maires d’un nouveau genre bousculent le visage politique des pays d’Europe de l’Est, en emportant des villes contre la tendance de leur pays. Dernière en date, la ville de Budapest a pris à contrepied la politique de Victor Orban, leader parti nationaliste opposé à l’Union européenne, au pouvoir depuis plus de 10 ans. En octobre 2019, Gergely Karacsony, un sociologue écologiste a remporté la mairie avec un programme résolument progressiste, démocratique et pro-Europe. À Prague, comme à Bratislava, les nouveaux maires issus de la mouvance pro-Europe et libérale sont eux aussi confrontés à un pouvoir ultra conservateur. Convaincus de leur responsabilité et forts du soutien de populations urbaines de plus en plus proches des préoccupations des pays de l’Ouest, les maires de ces capitales se sont réunis le 16 décembre 2019 à Budapest pour sceller une « Alliance des villes libres » afin de faire entendre « la voix d’une Europe libre qu’on ne pourra pas faire taire », en créant « des îlots de liberté », sur le modèle des villes libres du Moyen-Âge, face aux coups de semonce « illibéraux » des dirigeants de cette Europe autoritaire, dont Victor Orban apparait comme le leader. Face aux dérives climato-sceptiques et autoritaires des gouvernements de l’Europe orientale, ils veulent faire de leurs villes des lieux où il sera possible de « protéger et promouvoir les valeurs communes de liberté, de dignité humaine, de démocratie, d’égalité, d’État de droit, de justice sociale, de tolérance et de diversité culturelle ». Pour cela, prévient le maire de Varsovie, Rafal Trzaskowski, élu en 2018 contre un candidat ultraconservateur, il faut « plus de fonds européens versés directement aux villes ». À Budapest, comme à Varsovie ou à Prague, les municipalités expliquent être privées pour des raisons politiques de ces subsides par leurs gouvernements, qui sont soupçonnés de détournements de fonds massifs en provenance de Bruxelles.
