Les 5 et 6 juin derniers, l’ONG Culture et développement était présente aux European Development Days à Bruxelles pour la tenue de deux événements de haut niveau regroupant des acteurs politiques et culturels du développement international. Ces rencontres ont abouti au lancement d’une série de recommandations sur le renforcement de la perspective de genre dans la culture.
Lors de ces deux jours de rencontres internationales pour échanger autour des projets et politiques de développement dans le monde, deux événements ont été organisés par un consortium d’organisations internationales dans lequel Culture et Développement a joué un rôle majeur. En partenariat avec Africalia, Arterial Network, Agenda Culture 21, le British Council, Interarts, le Conseil International de la Musique, Cités et Gouvernements Locaux Unis ainsi que l’UNESCO, Culture et Développement a lancé une série de 21 recommandations sur le renforcement de l’égalité des genres dans le secteur culturel. Le document devrait être publié dans les semaines à venir et discuté avec des représentants de l’Union Européenne.
21 recommandations clés présentées lors d’un brainstorming sur le genre et la culture
Lors de la première journée des EDD, le consortium d’organisations a tenu une brainstorming session appelée « Culture and development : women as agents of change ». Les membres ont pu présenter une première version du document au public, permettant d’engager un intéressant débat sur la place des femmes dans les politiques de développement culturel. Le débat fut brillamment mené par Corina Suteu, ancienne ministre de la culture en Roumanie.
Les 21 recommandations sont dirigées vers tous les acteurs du développement culturel, dont l’Union Européenne, les gouvernements locaux, régionaux et nationaux, la société civile, le secteur privé et le secteur académique. Les recommandations ont été proposées sur la base du constat de plusieurs problématiques concernant les femmes et la culture, reconnaissant une absence d’égalité de genre dans le secteur, une différence de salaire, un accès plus restreint aux ressources économiques et aux formations.
Le consortium d’organisations espère ainsi inspirer de nouvelles politiques et projets à travers le lancement de ces recommandations, qui seraient basés sur les principes énoncés, dans le but de réduire les inégalités de genre et de renforcer la place des femmes dans le milieu culturel.
Le patrimoine culturel et la créativité vus par les femmes: un special event à succès
Lors du second jour des EDDs, le consortium d’organisations a tenu un special event appelé "Cultural Heritage and Creativity through Women's Lens", avec la présence d’intervenants de haut niveau et d’un public nombreux. Le Ministre de la Culture à Cuba, Abel Prieto, accompagné du Directeur Général à la Coopération Internationale et au Développement de la Commission Européenne, Stefano Manservisi, de l’assistant Directeur Général du Département Afrique de l’UNESCO, Edouard Matoko, d'une membre de l’organisation internationale ICOMOS, Teresa Patricio ainsi que de l’artiste engagée franco-congolaise Marie Daulne, alias Zap Mama, ont pu échanger autour des différentes problématiques soulevées lors du précédent brainstorming.
En tant que modératrice, Fleur Macdonald, journaliste indépendante, a mené le débat entre les différents intervenants et le public, où la délégation du gouvernement du Burkina Faso était présente, dont le ministre de la culture Mr Abdoul Karim Sango. Des artistes de renommée tels que la réalisatrice kenyane Wanuri Kahiu étaient également présents dans le public.
« Comment empêcher les hommes de passer sous silence les revendications des femmes à travers la censure ? »
Cette question poignante fut posée aux intervenants lors du special event par la réalisatrice Wanuri Kahiu, qui a vu son film Rafiki être banni dans son pays natal à cause des revendications qu’il soulève. Le film relate l’histoire d’un amour lesbien entre deux adolescentes de Nairobi, un sujet qui reste encore largement tabou au Kenya. Cet exemple concret d’atteinte à la liberté d’expression est entré en résonance avec les problématiques soulevées lors de ces deux événements, bien qu'il n'y ait pas eu de réponse concrète.
