Les arts et la culture au prisme du développement durable

Chargé-e Territoires Associés - Paris, Monde - 30 avril 2017

Retour sur ce colloque avec Réseau Eco-événement

Dans un entretien pour Territoires Associés, Hervé Fournier, fondateur du Réseau Eco-événement, revient sur le colloque international "Arts de la scène et cinéma au prisme du développement durable" qui s’est tenu à Paris du 8 au 10 mars 2017 et nous parle des synergies entre culture, développement durable et énergie.

Le colloque, organisé par les universités de Lumière Lyon 2, de Sorbonne Nouvelle Paris 3 et de Bourgogne Franche-Comté-ESC Dijon-CEREN, a accueilli professionnels et chercheurs venus d’Europe, de Côte d’Ivoire et du Brésil pour mener une réflexion sur les liens entre les arts et le développement durable autour de trois axes :

  • “Les arts de la scène et le cinéma dans le développement durable” propose d’explorer la culture comme quatrième pilier du développement durable ;
  • “Les arts de la scène et le cinéma pour le développement durable” évoque la contribution des productions artistiques à la réduction de l’empreinte environnementale, au renforcement de la cohésion sociale, aux retombées économiques positives ainsi que leur contribution esthétique et philosophique avec des artistes s’emparant de cette question comme d’un matériau thématique et dramatique ;
  • Les arts de la scène et le cinéma par le développement durable porte le débat sur “une recherche de liens plus solidaires dans les mondes de l’art” par notamment la valorisation d’une mise en relation plus symétrique des artistes avec les non professionnels impliqués dans des créations artistiques et par l’activation des liens de solidarité inter et intra-organisationnelle dans un contexte de précarité économique.

Pour Hervé Fournier, l’enjeu de ce colloque était de confronter les champs des arts et du développement durable à la recherche académique. Il juge cette démarche encore insuffisamment appliquée. Cependant, il souligne quelques bonnes pratiques comme celle de la recherche menée par François Ribac, maître de conférence à l’Université de Dijon. Ce projet, lancé en septembre 2016, propose une étude pluridisciplinaire à partir d’études de cas sur la lutherie et la fabrication de guitares électriques et en y appliquant une démarche scientifique. Dans un article publié sur sa iTV "Scènes, climat et remue-méninges", il conclut que “poser quelques jalons au-delà des expériences vécues pour une recherche à ce jour timide, « balbutiante » sur le sujet est donc le principal acquis de cette manifestation. La triple implication des institutions scientifiques (Universités Sorbonne Nouvelle Paris 3, Lumière Lyon 2 et l’Ecole de Commerce de Bourgogne) augure une ouverture aux modèles d’affaires (vulnérabilité, pérennité des modèles, éco-conception des projets, entrepreneuriat), aux confrontations artistiques (la vision utilitariste des arts pour le développement durable n’est pas un sujet en soi ! Les arts du conte sont parties prenantes du programme en tant que fabrique d’imaginaires), aux enjeux de médiation et de transmission”.

Plus spécifiquement sur les liens entre la culture et les énergies, Hervé Fournier met en lumière deux points de connexion principaux entre ces deux thématiques. Le premier est celui des artistes faisant de l’énergie leur sujet et utilisant leurs expressions artistiques pour le représenter. Il cite, à ce titre, l’exemple du collectif HeHe qui notamment proposait en 2013 à Nantes une installation sur le gaz de schiste et notre vulnérabilité énergétique, Réchauffement domestique. Cette démarche artistique prend de l’ampleur depuis quelques années. Hervé Fournier l’explique par le profil des artistes qui tenait jusqu’à lors plutôt des sciences humaines. Le tournant du numérique produit aujourd’hui des artistes avec un profil plus issu des sciences (media art). Le second point de connexion est celui des opérateurs culturels engagés dans une démarche de diminution des besoins énergétiques, dans le but de réduire les coûts de production. Ces politiques environnementales appliquées à la culture restent encore limitées à des initiatives individuelles d’équipements ou de territoires locaux. La France reste timide en comparaison d’autres pays comme le Royaume-Uni qui a instauré des reporting pour les équipements culturels en partenariat avec Julie’s Bicycle.

Le Ministère de la Culture et de la Communication a lancé sa Stratégie de Responsabilité sociétale, sociale et environnementale des Organisations (Stratégie-RSO) 2016-2020 le 10 mars dernier et a présenté un livret qui détaille les engagements et actions prévues déclinées autour de trois volets : sociétal, social et environnemental.

Ces directives proposent, entre autres actions, d’ “agir pour intégrer la culture du développement durable à la pratique des métiers de la culture” en intégrant les préoccupations du développement durable dans les projets de construction, de réhabilitation et de restauration ; en veillant à l’adaptation des préconisations du développement durable aux spécificités des équipements culturels ; et en recensant, encourageant et diffusant les enjeux et bonnes pratiques du développement durable dans les métiers de la culture.

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Thématiques

  • Politiques, management et gouvernance de la culture
  • Innovation, changement, vivre ensemble

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