Par la réhabilitation des friches industrielles en lieux culturels, les quartiers défavorisés peuvent retrouver leur attractivité et les populations locales leur fierté.
Dans un article paru dans le journal Télérama, la journaliste Annabelle Georgen revient sur le phénomène de la réhabilitation des friches industrielles en hauts-lieux culturels en prenant l’exemple de la Ruhr en Allemagne. Elle nous offre une présentation détaillée de cette ex-grand bassin minier qui renaît aujourd’hui grâce à la culture. Annabelle Georgen nous parle du complexe industriel de Zollverein à Essen, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO et qui abrite aujourd’hui deux musées et des expositions qui retracent l’histoire du passé minier de la région, de l’ancien quartier ouvrier d’Esenheim à Oberhausen, devenu un magnifique jardin public, ou encore d’une ancienne brasserie à Unna, qui accueille le Centre International d’Art Lumineux. L’ensemble de ce patrimoine est mis en avant lors de l’événement annuel ExtraSchicht visant à redonner au patrimoine industriel sa grandeur.
Un phénomène déjà ancien
La réhabilitation des friches industrielles en lieux culturels est déjà un phénomène ancien. En France, il est apparu au lendemain des crises pétrolières des années 1970 pour répondre à la désindustrialisation rapide de certains quartiers périphériques qui, peu à peu, devinrent défavorisés par le bouleversement immense du style de vie et de la culture ouvrière qui accompagne la désindustrialisation. Puis à partir des années 1980, le phénomène s’est développé en Europe et concerne également aujourd’hui d’autres régions du monde.
Une volonté politique ou de la société civile
Il peut s’agir de volonté des décideurs politiques de faire revivre certains quartiers par un nouvel aménagement du territoire, à l’image du Grand Hornu en Belgique. Cet immense complexe industriel, construit entre 1810 et 1830 par l’architecte Henri de Gorge, accueillait une vrai ville ouvrière avec des résidences d’ouvriers, une école ou encore un hôpital. Fermé en 1954, il est racheté en 1989 par la Province du Hainaut, qui décide de la rénovation du lieu qui accueillait depuis 1984 l’association Grand Hornu Images, décidée à réhabiliter le site par la création artistique. Aujourd’hui le Grand Hornu abrite un musée d’art contemporain et un centre d’innovation et de design.
Mais il peut s’agir directement d’initiatives de particuliers, d’associations ou de groupes d’artistes qui vont demander l’aide aux instances politiques pour réhabiliter une friche telle l’initiative prise par le directeur artistique Jean Blaise de rénover les anciennes biscuiteries Lefèvre-Utile (LU) à Nantes pour en faire un centre d’art ouvert à tous. En 1994, Jean Blaise, alors directeur du Centre de Recherche pour le Développement Culturel et soutenu par la Mairie de Nantes qui rachète l’usine, souhaite y installer son siège et un centre de création artistique. En 2000, ce projet prend le nom de Lieu Unique, pour reprendre les initiales de l’usine originelle, et accueille une salle d’exposition, un théâtre, un bar, une librairie, des ateliers et même un hammam.
Un outil du développement local
Le deux exemples cités précédemment démontrent la complicité qui doit s'établir entre la société civile et les autorités locales pour garantir le succès des démarches de transformation des friches industrielles en lieux culturels uniques, véritables outils de développement territorial permettant aux populations locales de se réapproprier leur environnement en espace de vie.
Cette démarche de réhabilitation des espaces défavorisés témoigne de la place grandissante de la culture dans les politiques de développement territorial, passant par la valorisation du patrimoine et la création artistique impliquant fortement les populations locales et participant à l’attractivité d’un territoire.
Julien Jacques (rédacteur bénévole)
