Rencontre avec Yann Ribet, "activiste par le hip hop"

Chargé-e Territoires Associés - Grenoble - 24 juin 2016

Yann Ribet est le fondateur de l'association Total Session, une association dont le projet de développement culturel Hip hop se concrétise à travers différents rencontres, échanges, événements… centrés sur ce qui a fondé le hip hop: l'expression libre… Le Festival Total Session, organisé depuis 1999, a rassemblé et fédéré les acteurs de la Culture Hip hop autour d’une pratique spontanée, émotionnelle et sincère du Hip Hop, à l'échelle locale, nationale et internationale. Aujourd'hui, Total session décline le festival sur deux volets très différents et très complémentaire: la Jam, qui est la forme originelle pour présenter les pratiques hip hop, et le spectacle chorégraphique qui est l'évolution du Hip hop sur scène.

Que signifie la culture pour vous ?

La culture est un processus en évolution constante, en lien avec la société et elle a pour moi un lien direct avec la citoyenneté. L’objectif de la culture n’est pas de faire de l’argent, la tendance à mettre l’accent sur les questions de professionnalisation et de rentabilité a fait oublier le sens premier de l’expression culturelle et engendre par ailleurs une tendance à l’uniformisation de ces expressions. Il est nécessaire de voir émerger des espaces de création qui soient mis à disposition des citoyens et qui puissent perdurer sans qu’ils ne soient subordonnés à l’économie. Ces espaces pourraient être formels à condition de les organiser en lieux d’expression créative ouverts à toutes les cultures. C’est la clé du développement social.

Comment qualifiez-vous le hip hop ?

Le hip hop c’est le passage entre le politique et la culture. Lorsqu’on parle de hip hop on parle de DJing, de rap, de graffiti, de danse, de la connaissance de la rue et de la connaissance urbaine. Dans le hip hop toutes ces disciplines fusionnent dans le but de susciter la réflexion.

Est-ce qu’il y a un message politique derrière le hip hop ?

Oui, le hip hop est engagé politiquement. Il part de l’être humain et de l’activité humaine pour faire valoir des valeurs de partage, des valeurs d’auto-entreprenariat, et des valeurs de vivre ensemble. Le hip hop représente « les gens d’en bas ».

Quel problème rencontre le hip hop aujourd’hui ?

Le manque de reconnaissance publique pour cette discipline dans son esprit d’origine et donc de financement en dehors de cadre institutionnalisés. Mais je suis optimiste, j’espère que les choses vont changer.

Que pensez-vous du Diplôme d’Etat en danse hip hop ?

Même si l’Etat essaie de prendre les devants, c’est impossible de le faire avec le hip hop à l’heure actuelle. Les acteurs de la rue ne sont pas d’accord car ça formalise quelque chose qui ne peut pas être formalisé.

Pouvez-vous nous parler de votre association ?

Le festival Total Session s’organisait depuis 1999 et avait une grande dimension internationale, il n’existe plus depuis 2010. L’association TOTAL SESSION est née pour pérenniser le festival, pour apporter un renouveau.

Nous avons aujourd’hui un projet de développement culturel qui trouve ses fondements dans la culture hip hop, nous sommes appuyés par la Commission Européenne et le programme ERASMUS+ depuis plusieurs éditions mais sans autres soutiens locaux.

Notre projet s’articule autour d’échanges interculturels, il est fondé sur l’éducation non formelle par le hip hop. L’objectif est de permettre à l’ensemble des participants d’avoir accès à cette pratique culturelle et par là de s’ouvrir au monde.

Dans le cadre de ce projet, une rencontre s’est tenue à Belgrade et à réuni une soixantaine de personnes provenant de six pays différents. Les activités menées ont permis d’offrir à la fois des temps de pratique et des temps de discussion en favorisant ainsi l’échange et le dialogue. Les discussions peuvent traiter de la manière selon laquelle les danseurs vivent le hip hop, des liens entre les disciplines ou d’échanges sur les différentes pratiques et le vécu.

Nous menons également des projets à Grenoble qui se caractérisent toujours par leur format pluridisciplinaire.  

Quelle est pour vous la valeur ajoutée du programme Erasmus+ ?

L’Europe se focalise sur le partage de valeurs communes et sur les personnes tandis que les collectivités ont tendance à penser la culture seulement dans une perspective plus conventionnelle ou la liberté de la rencontre et l’expérimentation au-delà de circuits formels ne sont considérées que comme pratiques amateurs. Les programmes européens valorisent l’éducation non formelle.

Quelles sont les principales difficultés que vous rencontrez dans la gestion des projets ?

L’argent car tout le travail est fait bénévolement, le manque de reconnaissance des collectivités où nos actions se produisent grâce aux financements européens, mobilisant un nombre important de jeunes mais qui restent donc des activités “invisibles” aux yeux des institutions. La désertion des acteurs hip hop qui pour la plupart abandonne l’esprit fondateur de cette forme d’expression culturelle pour devenir professionnels et rentrer dans ce circuit de l’argent.

Quels sont les résultats que vous avez pu observer à travers vos projets ?

Le partage de la connaissance hip hop, la cohésion sociale et le dialogue interculturel.

Auriez-vous des suggestions pour la ville de Grenoble ?

Oui, tenter d’organiser une rencontre sur les financements européens et voir comment ils peuvent inspirer des nouveaux programmes pour la ville de Grenoble.

Terminologie

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Localisation

  • EuropeEurope occidentaleFranceRégion Auvergne-Rhône-AlpesGrenoble

Thématiques

  • Patrimoine, créativité, médias, pratiques culturelles et artistiques
  • Citoyenneté, jeunesse, diversité et dialogue interculturel

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