Culture et santé en Auvergne Rhône-Alpes

Chargé-e Territoires Associés - Région Auvergne-Rhône-Alpes - 23 janvier 2017

Les enjeux d'un territoire fertile et innovant

La démarche Culture et Santé propose de créer des espaces de rencontre entre ces deux domaines par la coopération entre structures hospitalières, médico-sociales et structures culturelles, artistiques afin de donner une définition dynamique et décloisonnée de la santé qui prend en compte la personne au-delà de son statut de patient. Si une politique en faveur de cette démarche est mise en place dans toutes les régions françaises, le territoire de Rhône-Alpes s’est appropriée cette problématique très tôt avec le projet-pilote de la Ferme du Vinatier, et cela avant même l’impulsion nationale qui s’est matérialisée par la signature de la convention Culture à l’Hôpital entre le Secrétaire d’Etat à la Santé et à l’Action sociale et le Ministère de la Culture et de la Communication en 1999.

Ainsi dès 2000, le territoire rhônalpin, terrain fertile,  a décliné régionalement cette politique publique nationale au travers d’un partenariat entre l’Agence régionale de l’Hospitalisation (ARH), devenue depuis l’Agence régionale de la Santé (ARS), et la Direction régionale des Affaires culturelles (DRAC), rejoints également en 2006 par le Conseil régional. Ces trois institutions ont accompagné leur engagement précoce et fort par la mise à disposition de moyens conséquents permettant son développement, aujourd’hui encore un des plus importants en France. De plus, la Région s’est différenciée en s’engageant, en amont du déploiement du dispositif d’aides publiques, dans une dynamique de réflexion innovante, qui a conduit à la publication de l’ouvrage Il suffit de passer le pont, encore actuellement socle philosophique de cette démarche en milieu hospitalier. Elle a également mis en place depuis 2006 une gouvernance ancrée sur les territoires, en lien direct avec leurs spécificités et leurs acteurs par la création de comités locaux à l’échelle des départements et par la prise en charge de la coordination et de l’animation de cette démarche à un opérateur extérieur, depuis 2012 l’association InterSTICES.

InterSTICES

Fondée en janvier 2012, l’association “InterSTICES : Inter Structure Territoires et Innovation - Culture et Santé en Auvergne-Rhône-Alpes” est le premier lieu-ressource Culture et Santé à avoir été créé. Il réunit une cinquantaine de professionnels et structures de la région issus des secteurs sanitaire, médico-social, artistique et culturel, tous conduits par la conviction que l’art et la culture ont une place dans les espaces de santé. Avec pour mission de sensibiliser aux enjeux de la démarche Culture et Santé afin de favoriser le développement de nouvelles initiatives, InterSTICES déploie un programme d’actions basé sur des objectifs de partage et mutualisation des compétences et des ressources, de conseil et de relais auprès des professionnels des deux secteurs, de réflexion et de valorisation des projets. Dans cette perspective, son action est structurée en deux volets qui se nourrissent l’un et l’autre afin de créer une plateforme régionale d’échange et de coopération croisée autour de cette démarche.

Le premier volet, qui constitue les fondements de InterSTICES, propose à ses adhérents un accompagnement dans leurs projets par la construction et la mise à disposition d’outils et d’expertises ainsi que par des actions favorisant un rayonnement de leurs actions au-delà de leur périmètre de diffusion premier, notamment davantage vers les scènes artistiques habituelles. Dans cette optique, des groupes de travail sont d’ailleurs constitués afin de répondre à des problématiques identifiées par les adhérents et la structure comme nécessitant une réflexion approfondie. Ces travaux, basés sur un partage d’expérience et de pratiques, ont ainsi été réalisés sur différents thèmes comme la valorisation et la diffusion des productions, le financement ou encore les questions juridiques spécifiques aux projets culturels en milieux hospitalier et médico-social. Chaque fois, la réflexion se décline en outils concrets. En 2016, deux groupes de travail ont été formés : l’un sur le métier de responsable culturel d’établissement afin de réaliser une fiche-métier et un inventaire de bonnes pratiques pouvant servir de référentiel et le second sur l’argumentaire Culture et Santé afin de dresser des fiches techniques répertoriant les arguments clés à utiliser pour convaincre son interlocuteur de l’intérêt d’un projet culturel qu’ils soient financeur, directeur d’établissement, personnel, patient ou encore grand public. Une charte type de bénévolat est actuellement en travail. Les résultats de ces travaux sont présentés et partagés chaque année lors d’un séminaire interne, cette année il se tiendra le 2 février prochain.

D’autre part, InterSTICES est l’opérateur local du dispositif national Culture et Santé qu’elle coordonne et anime au niveau du territoire de la région. Cette mission, réalisée pour le compte de l’ARS, de la DRAC et de la Région Auvergne Rhône-Alpes, constitue le deuxième volet de l’action de l’association. Dans ce cadre, elle a tissé des partenariats privilégiés avec des structures positionnées comme opérateurs de la politique nationale sur d’autres territoires régionaux, comme le Pôle Culture & Santé en Aquitaine, Art & Santé - La Manufacture en Ile-de-France ou encore Itinéraires singuliers en Bourgogne. InterSTICES a également collaboré ponctuellement avec des organisations internationales, telles que le Comité des Régions (CdR) pour qui elle est intervenue sur la thématique Culture et Santé et sur la mise en place d’une bonne gouvernance territorialisée.

Enjeux actuels

Séverine Legrand, directrice d’InterSTICES, souligne trois grands enjeux auxquels doit faire face aujourd’hui l’association. La déclinaison régionale du dispositif Culture et Santé, renouvelée lors de la signature de la Convention Culture et Santé 2016-2022 en Auvergne Rhône-Alpes, se trouve dans un tournant, marqué par une ouverture sectorielle et géographique.

En effet, le programme est étendu depuis 2016 au secteur médico-social. C’est un véritable défi car, si le secteur hospitalier régional regroupe environ 320 établissements, le médico-social quant à lui compte près de 2000 structures, éparses, souvent petites et dont les projets touchent autant au culturel et à l’artistique qu’à l’animation, l’éducation ou encore l’art thérapie. Malgré ces enjeux de structuration et de positionnement, l’engouement est là et le programme, qui après 16 ans d’existence peine à convaincre de nouvelles structures hospitalières de s’inscrire dans cette démarche, devrait ainsi connaître un nouvel essor. C’est dans cette optique et dans sa vocation de réflexion qu’InterSTICES a publié en septembre 2016 l’ouvrage L’art n’a que faire des lisières, qui constitue à son tour le socle philosophique sur lequel elle souhaite développer son action dans le secteur médico-social.

Un second enjeu de taille est dicté par la réforme territoriale de 2015 qui a vu fusionner la Région Rhône-Alpes à l’Auvergne. L’ARS Auvergne s’étant refusée à soutenir le développement de ce dispositif, le territoire auvergnat, où quelques projets sont malgré tout parvenus à se développer notamment avec le soutien de la DRAC, est en forte demande, avec des réalités de terrain différentes et un véritable besoin de structuration et de mise en réseau sur cette thématique.

Enfin, l’association connaît un déséquilibre en termes d’adhérents entre ceux issus du domaine de la santé et ceux issus du domaine de la culture, avec un déficit de structures culturelles engagées pleinement dans le réseau, alors même qu’elle souhaite travailler à une véritable culture partagée entre les deux secteurs. Selon Séverine Legrand, ces difficultés peuvent s’expliquer en partie par le dispositif Culture et Santé lui-même qui s’est attaché à ses débuts davantage à convaincre les professionnels de la santé, ceux-ci étant moins familiarisés au développement de ce type de projets. De plus, les projets inscrits dans la démarche Culture et Santé, en raison de son public spécifique, demandent une construction particulière, souvent liée à des processus participatifs, et sont encore entourés de préjugés quant à leur qualité qui serait moindre et ne pourraient être diffusés dans les lieux dédiées à l’art et la culture. Le recours à une plateforme de conseils et de coopération en la matière ne semble pas pour autant naturel aux structures culturelles. Cette problématique constitue donc aujourd’hui un véritable cheval de bataille pour l’association qui a d’ailleurs organisé une journée d’échange le 29 septembre dernier, “La rencontre dans la création artistique”, dans l’optique de s’adresser plus directement aux structures culturelles en s’associant à l’Ecole nationale supérieure des Arts et Techniques du Théâtre (ENSATT), l’Agence Rhône-Alpes pour le Livre et la Documentation (ARALD), la Maison des Arts plastiques et visuel Auvergne Rhône-Alpes (MAPRAA) et l’association de promotion de la musique contemporaine Résonance contemporaine. Si la journée a été réussie avec des interventions de qualité et la participation d’environ 170 personnes dont de nombreux artistes, les structures culturelles ont été peu à répondre à l’appel. L’année 2017 devrait donc voir se développer de nouvelles actions dans cette ligne, avec l’organisation de rencontres opérationnelles à destination du secteur culturel.

Terminologie

Localisation

  • EuropeEurope occidentaleFranceRégion Auvergne-Rhône-Alpes

Thématiques

  • Education, recherche et formation
  • Innovation, changement, vivre ensemble

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